QU’EST-CE QUE LE PROJET X?
“Projet X” est un programme de « À Deux Mains » créé pour donner aux jeunes des connaissances sur leurs droits lorsqu’ils sont confrontés au profilage racial et par la police. Par le biais d’ateliers, de la recherche et de la promotion, Projet X vise à aider les jeunes à naviguer les institutions racistes, et à leur donner des outils pour mieux défendre leurs intérêts et ceux des autres.
EN QUOI CONSISTE LE PROJET DE RECHERCHE?
Ce projet de recherche a été mené pour examiner l’état de la relation des jeunes de Montréal avec le secteur de la sécurité publique, faisant référence ici aux agents de sécurité du transport en commun (STM), aux agents de sécurité commerciaux et au service de police de Montréal (SPVM). Les jeunes ont été interrogés sur leurs expériences de profilage racial avec des membres d’organismes de sécurité publique lors d’activités quotidiennes, comme conduire, utiliser un espace public comme un parc, marcher dans la rue ou prendre les transports en commun.
COMMENT LE PROJET A-T-IL ÉTÉ FAIT?
Ce projet de recherche a été mené par « À Deux Mains » et la coordinatrice du projet X, en collaboration avec l’équipe juridique et d’autres membres du personnel de « À Deux Mains ». Les méthodes choisies pour obtenir des données étaient un questionnaire d’enquête comprenant quelques questions ouvertes, et trois entrevues qualitatives. Les questionnaires ont été administrés à l’automne 2019. Le questionnaire d’enquête contenait 23 questions, et les entrevues de forme longue en contenaient 25. 128 questionnaires d’enquête ont été remplis, en ligne et en personne. Les questionnaires étaient disponibles en français et en anglais pour accroître l’accessibilité.
QUI ÉTAIT LE PRINCIPAL GROUPE DÉMOGRAPHIQUE?
La recherche sur le profilage racial au Canada n’est pas nouvelle, mais peu d’études portent sur les expériences des jeunes en particulier. Le projet a été créé pour mettre en lumière les particularités du profilage racial vécu par les jeunes âgés de 12 à 25 ans.
QUELLES ONT ÉTÉ LES CONCLUSIONS?
Le projet de recherche Projet X démontre que le profilage racial à Montréal est fortement vécu par les jeunes de la ville. Les participants considèrent le profilage comme un problème récurrent auquel ils sont confrontés dans leur vie quotidienne. 61 % des répondants ont déclaré avoir été victimes de profilage, et 78 % ont dit en avoir été témoins pour quelqu’un d’autre.
Les résultats de la recherche mettent également en évidence la relation entre la discrimination raciale et la santé mentale des jeunes . Les participants interrogés ont fait état de sentiments d’anxiété et de stress importants lorsqu’ils croisent des policiers et des agents de la STM.
Une conclusion cruciale du projet est que les jeunes sont souvent incertains de leurs droits légaux et ne savent pas comment les utiliser efficacement lorsqu’ils sont confrontés à des situations de profilage. De plus, les jeunes ne sont pas enclins à utiliser les circuits officiels pour rapporter leurs expériences car ils considèrent que la médiation et les processus juridiques sont longs et fastidieux. Les participants ont dit avoir peu confiance dans le système juridique pour obtenir justice ou des résultats satisfaisants.
QUE FAISONS-NOUS MAINTENANT?
Au cours de l’année écoulée, les conversations publiques concernant la sécurité communautaire et le maintien de l’ordre ont radicalement changé, et les initiatives liées à la limitation des fonds alloués et à l’abolition des forces de sécurité ont gagné en popularité. Projet X croit fermement que l’élimination du profilage racial nécessite une révision holistique et en profondeur des systèmes de sécurité actuels et une réaffectation radicale des fonds de la police vers des solutions de sécurité et de bien-être centrées sur la communauté. Les autres suggestions issues du rapport sont les suivantes :
1) que des données quantitatives fondées sur la race soient rendues disponibles sur les contrôles de rue, les arrestations et les détentions à Montréal ;
2) qu’un bureau de supervision indépendant soit créé dans chaque arrondissement pour surveiller le poste de police local ;
(3) que soient éliminées toutes les pratiques policières qui ciblent injustement les jeunes racisés et qui les obligent à subir des contacts arbitraires et involontaires ;
(4) que le SPVM publie un rapport annuel sur les interactions violentes des agents du SPVM contre les civils. Ce rapport devrait contenir le signalement de chaque fois qu’un agent a utilisé ou pointé une arme à feu contre/sur un civil ;
(5) qu’une page distincte pour le dépôt de plaintes soit créée et que les étapes procédurales du processus de plainte soient clairement énoncées sur les sites Internet du SPVM et de la STM.
Ces suggestions ne sont pas suffisantes. Elles ne sont que des outils d’atténuation des préjudices qui peuvent être mis en œuvre pendant que les communautés continuent de se battre pour des solutions à long terme basées sur les besoins de la communauté par le biais de la limitation des fonds alloués aux forces de sécurité et de la réaffectation des ressources.